L’envie de sucré et de nourriture en général peut avoir deux origines, explique Michaël Sels lors de l’interview. Il peut y avoir à la base un déclencheur physiologique, mais des facteurs externes peuvent également jouer un rôle. C’est précisément ce qui rend la nutrition complexe, mais aussi fascinante et amusante. La faim peut donc être de nature physiologique, mais aussi émotionnelle ou sociale.
Pourquoi certaines personnes ont-elles envie de sucré plus que d’autres ?
Dès la naissance, nous avons une préférence pour le sucré : prenons le lait maternel pour exemple. Le goût sucré est associé à l’énergie, tandis qu’un goût aigre nous met en garde contre une nourriture potentiellement pourrie et l’amertume contre les aliments pas suffisamment mûrs. Cette préférence innée s’estompera avec l’âge et fera place à des goûts et des préférences acquises. Si nous sommes régulièrement exposés à des saveurs, nous nous y habituons et nous en aurons davantage envie. C’est la raison pour laquelle certaines personnes ont une plus forte attirance pour les saveurs sucrées que d’autres.
Quelles sont les causes d’une envie de sucre (sugar craving) ?
L’envie de sucré ou sugar craving peut avoir diverses causes, indique Michaël Sels. Physiologiquement, cette envie peut être déclenchée par la faim : c’est le cas chez les personnes qui ont consommé un repas qui ne les rassasie pas. Prenons, par exemple, les personnes qui éliminent consciemment certains ingrédients de leur repas principal, comme les glucides et les graisses ; elles peuvent avoir envie d’aliments sucrés après quelques heures. Le corps indique qu’il n’est pas rassasié.
Par ailleurs, les fluctuations de la glycémie peuvent également provoquer une envie de sucre. Une baisse soudaine du taux de sucre dans le sang alertera le corps et signalera que les sucres sont nécessaires. Les personnes atteintes de diabète devront y prêter une attention particulière. Pour assurer leur sécurité, le taux de sucre dans le sang doit être maintenu aussi stable que possible.
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La place du « cerveau » dans l’envie de sucré
Manger des sucres déclenche un circuit de la récompense. En mangeant des aliments sucrés, le corps libère de la dopamine, aussi appelée l’hormone du bonheur. La dopamine atteint alors le cerveau qui capte le signal et vous fait vous sentir bien. C’est aussi pourquoi certaines personnes consomment des aliments sucrés encore et encore, surtout lorsqu’elles ont pris l’habitude de manger quelque chose de sucré lorsqu’elles éprouvent certaines émotions, telles que le stress, la tristesse ou l’anxiété.
Peut-on être accro au sucre ?
En ce qui concerne les sucres, la dépendance, telle que nous la connaissons avec les drogues et l’alcool, n’est pas possible. Il n’y a pas, par exemple, de symptômes de sevrage lorsque nous arrêtons de manger des sucres. Il est vrai qu’on peut être attiré par le goût sucré. Cela peut être dû à l’habitude comme l’explique Michaël Sels : par exemple si vous mangez toujours quelque chose de sucré après les repas. Mais l’envie de sucreries peut aussi être le résultat d’autres facteurs déclenchants, tels qu’une baisse de la glycémie. Si vous voulez manger moins de sucre, vous pouvez le faire de différentes manières : vous fournissez des repas principaux nourrissants et équilibrés, vous prenez occasionnellement une collation salée, vous remplacez le sucre par des édulcorants…
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En tant que diabétique, a-t-on plus envie de sucré que d’autres ?
Une étude a montré que les personnes atteintes de diabète ont une perception plus faible du goût sucré. En d’autres termes, ils ont besoin de plus de saveur sucrée avant de la ressentir. Cela peut expliquer l’envie accrue pour la saveur sucrée chez les patients diabétiques, indique Michaël Sels. Chez les diabétiques, la fluctuation du taux de sucre dans le sang est très importante à surveiller, poursuit-il, car il y a un risque pour la glycémie. Une personne non diabétique peut également connaître une baisse de sa glycémie, mais le corps sera mieux en mesure de la maintenir dans des valeurs sures.
Quel conseil donner aux personnes diabétiques qui ont envie de sucré ?
Tenez compte du facteur déclenchant. Vérifiez d’abord le taux de sucre dans le sang et suivez les directives en cas d’hypoglycémie. Cela signifie que vous devriez prendre des sucres rapides dès que possible et si le prochain repas est encore loin, mangez des glucides supplémentaires. Si le repas est proche, des sucres rapides sont toujours nécessaires, suivi du repas.
Y a-t-il par ailleurs une faim comportementale ? Avez-vous envie du goût sucré ? Ou le repas précédent n’était-il pas suffisamment rassasiant ? Prenez-vous une collation. Préférez des collations saines comme les fruits et les noix, selon votre schéma de prise de médicaments. Pour quelqu’un qui utilise de l’insuline, il vaudra généralement mieux manger les fruits avec les repas, par exemple.
Comment pouvez-vous éviter une « envie de sucre » ?
Mangez suffisamment pendant le repas principal, c’est le conseil le plus important de Michaël Sels, pour éviter une envie de sucre ou sugar craving. Un repas équilibré et rassasiant aide à moins grignoter entre les repas. De cette façon, vous évitez la faim et une baisse de la glycémie comme facteur déclencheur d’une envie de sucre. De plus, vous avez moins de risque de trop manger, une situation gagnant-gagnant. Vous voyez également cela, par exemple, chez les personnes qui commencent le jeûne intermittent : lors du premier repas suivant le jeûne, il y a un risque réel de trop manger.
Choisissez un repas suffisamment riche en protéines et fibres, dit Michaël Sels. Les protéines et les fibres procurent une satiété plus grande et plus durable. Ils ralentissent la digestion du repas, de sorte qu’il y a moins de pics élevés de glycémie, qui chutent ensuite brusquement à nouveau. Un conseil très important, également pour les personnes atteintes de diabète.
Si l’envie de sucre n’est pas de nature physiologique, c’est-à-dire si elle ne provient pas d’une sensation de faim ou d’une forte baisse de la glycémie, il est important de connaître le facteur externe. Vous aimez la saveur sucrée par habitude : après le repas ou devant la télévision…, venez-vous de voir des publicités ou avez-vous vu quelqu’un manger quelque chose, y a-t-il des bonbons dans la voiture ou est-ce de nature émotionnelle ? Êtes-vous en colère, triste ou simplement très enthousiaste… Découvrir d’où vient l’envie de sucré est la première étape, poursuit Michaël Sels. Ensuite, vous pouvez choisir comment vous allez répondre au déclencheur.
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