Les additifs ou « numéros E » n’ont pas bonne presse. Pour de nombreux consommateurs, leur présence est associée à une moins bonne qualité nutritionnelle. Ce ressenti, qui n’a rien d’objectif, est largement encouragé par diverses sources, et notamment par la désormais célèbre application “Yuka” : celle-ci attribue une note globale aux aliments en scannant leur code-barre. Si Yuka établit sa note pour 60 % sur base du non moins célèbre logo à 5 couleurs et 5 lettres Nutri-Score, 30 % des points sont liés à la présence d’additifs. Or, le Nutri-Score, désormais recommandé par plusieurs pays européens dont la Belgique, ne prend pas en compte les additifs (à l’exception, depuis janvier 2024, des édulcorants basses calories dans les boissons, afin d’encourager la consommation d’eau comme premier choix).
Les additifs n’étant autorisés qu’à condition d’être parfaitement sûrs, ce qui relève du travail des agences de sécurité alimentaire, il est scientifiquement difficile de comprendre pourquoi ils interviendraient dans un score. Dans un article paru sur le site de Gezondheid en Wetenschap (un site soutenu par Centre Belge pour l’Evidence-Based Medicine), dans la rubrique consacrée aux informations santé qui circulent dans les médias, Patrick Mullie explique pourquoi (1).
À lire aussi : Que sont les numéros E ?
Les additifs sèment la terreur sur le net
Le fait que le Nutri-Score n’intègre pas les additifs (à l’exception des édulcorants basses calories dans les boisons) peut paraitre étrange, alors que les additifs sèment la terreur sur l’internet. Ainsi, l’expert en nutrition rapporte que de nombreux sites web affirment que certains numéros E sont cancérigènes. C’est notamment le cas de l’aspartame (E 951), accusé à tort de provoquer, entre autres, des tumeurs au cerveau, le diabète, la sclérose en plaques, la dépression, et une fatigue chronique… Rien que ça, alors que la législation est très stricte, que tout additif doit être sûr pour être autorisé, et que la quantité maximale autorisée dans les denrées ainsi que la quantité maximale pouvant être ingérée chaque jour (la DJA) sont déterminées de façon à garantir la sécurité de consommation. Ainsi, explique Patrick Mullie, pour l’aspartame, un maximum de 600 mg par litre est autorisé dans les boissons. Cela signifie qu’un adulte de 70 kg, qui peut ingérer en toute sécurité jusqu’à 2800 mg d’aspartame par jour, aura du mal à atteindre la dose maximale autorisée. Et de conclure que l’aspartame dans les aliments est donc considéré comme totalement sûr.
À lire aussi : L’aspartame: ce qu’il faut retenir, en un clin d’œil
Le Nutri-Score est établi sur base d’éléments considérés comme bons ou mauvais pour la santé. Ainsi, la teneur en fruits, légumes, fibres, protéines est favorable à un bon Nutri-Score. À l’inverse, la concentration en calories, sucres, graisses saturées et sel est défavorable. Le Nutri-Score fait la part entre ces éléments positifs et négatifs pour le calcul du score. Or, poursuit Mullie, pour les quantités d’additifs utilisées dans les aliments, aucun effet positif ou négatif sur la santé n’a été constaté.
À lire aussi : Tout savoir sur les édulcorants dans les boissons rafraîchissantes